Elisabeth, éleveuse de poulets

Elisabeth COMPANY, éleveuse de volailles de chair à l’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse)

       Je me suis installée en 2009 sur trois hectares de terres en friches qui ont nécessité six mois de conversion à l’agriculture biologique. Suite à un déménagement en 2010, j’ai actuellement 1,5 ha pour mon élevage de deux mille cinq cents volailles de chair, en conversion pour un an. Pour des raisons personnelles et professionnelles, j’ai décidé de m’orienter vers l’agriculture et ai suivi la formation du BPREA au lycée de Carpentras Serre avec un projet en maraîchage et élevage de volailles. Je me suis finalement spécialisée en élevage par goût, parce que je suis seule à travailler sur l’exploitation et également au vu du manque d’offre au niveau du Vaucluse.

Des aides à la bio indispensables

Pour mon installation, j’ai bénéficié du suivi important des Jeunes agriculteurs. Mais il y a, au niveau du Vaucluse, un manque d’appui technique pour la filière en élevage bio. J’ai pu trouver cet appui auprès d’autres éleveurs expérimentés et de mon vétérinaire spécialisé dans les traitements alternatifs.

Depuis ma conversion, je bénéficie du crédit d’impôt et des remboursements des frais de certification. Ces aides me sont très utiles car, n’ayant pas de tuerie pour mes animaux, je dépends des abattoirs (Monteux et Caseneuve) pour lesquels je dois également payer les frais de certification.

Peu d’évolution dans les pratiques et la composition de l’élevage

La conversion n’a modifié ni le nombre ni la façon d’élever mes animaux.

Pour moi, l’agriculture biologique était une évidence, je ne me voyais pas faire autre chose. Je voulais faire de la qualité qui se voit au résultat. Je ne voulais pas utiliser de produits chimiques, pour protéger ma santé, celle de l’environnement et pour proposer aux consommateurs des volailles non traitées et sans OGM. On peut tout-à-fait mener un élevage sans antibiotiques (même si je n’y suis pas opposée pour sauver des animaux en danger), cela fonctionne si on met en place un environnement adéquat, pensé pour le bien-être des animaux.

J’ai 2500 volailles : 1200 poulets, 700 pintades, 400 canards et canettes et 200 chapons, sur 6000 m² de parcours (sur les 1,5 ha disponibles) et 180 m² de bâtiment. Je projette d’augmenter à 3000 volailles et d’avoir un bâtiment et du parcours supplémentaires, ce qui me permettrait de diminuer la densité de mes animaux.

J’ai choisi les souches selon mes préférences personnelles au niveau des saveurs. Les poulets sont des Cous nus jaunes : une peau jaune et une chair ferme. Pour les canards et canettes, c’est du Barbarie, une chair ferme, pas trop grasse et goûteuse, juste ce qu’il faut ! Côté pintade de chair, c’est la Commune qui prévaut dans nos assiettes.

 

Le choix de la vente directe

  J’ai toujours vendu la totalité de ma production en vente directe. La seule évolution apportée à mon     système de commercialisation a été l’arrêt des marchés de producteurs qui me demandaient trop de temps pour le bénéfice apporté.

 Actuellement, mes ventes se répartissent entre les AMAP (5 fois par mois) pour 80%, et les magasins  de producteurs (Lou Païsan et la Banaste) pour 20%.

 J’ai choisi la vente directe parce qu’il est important pour moi d’avoir un lien direct avec les consommateurs, de pouvoir leur expliquer mes choix de production, les prix plus élevés que certains produits d’importation, etc. Le fait que je veuille garder mon exploitation à sa taille actuelle rentre également dans ce choix.

 Pour ces raisons, qualité et communication, auxquelles s’ajoutent les questions du prix et du calibre (non rationnement de mes volailles donc manque d’homogénéité), mon système d’élevage ne correspond pas au marché des grossistes que je ne souhaite pas intégrer dans l’avenir.

 Les  AMAP sont pour moi le meilleur moyen de distribution. Ils ne me demandent pas trop de temps et surtout j’ai le confort d’avoir vendu à l’avance mes volailles.

Pour l’autonomisation de l’exploitation

Pour l’avenir, je souhaiterais pouvoir cultiver mes propres céréales afin de diminuer les coûts en intrants. Egalement je réfléchis à un atelier de découpe ou à une tuerie (moins contraignant qu’un abattoir), qui me permettrait d’être autonome et de pouvoir mieux valoriser certains produits, comme le magret de canard.

Hier je m’installais en tant qu’agricultrice. Aujourd’hui j’élève mes volailles en suivant le cahier des charges de l’AB. Demain pourquoi ne pas aller plus loin, avec Bio Cohérence ou la biodynamie ?

Date de dernière mise à jour : 02/04/2021